Un roman improbable, que je n'imaginais pas vraiment lire un jour.
Le résumé :
Lorsqu’il
s'aperçoit que ses camarades ne sont plus là, qu'il est seul sur la plage et
que son navire a levé l'ancre, le matelot Narcisse Pelletier n'en croit pas ses
yeux. On l'aurait abandonné sur cette plage d'Australie ? Non, impossible, ils
vont revenir, demain, dans huit jours peut-être.
Dix-huit ans plus tard, un navire anglais recueille à son bord, un
curieux sauvage blanc : nu, tatoué, apeuré, ne parlant qu'un dialecte étrange,
incapable d'expliquer qui il est et ce qui lui est arrivé. Pire, ce sauvage
blanc semble regretter la tribu d'aborigènes avec laquelle il vivait et n'a
suivi les européens à bord de leur navire que sous la contrainte.
Le vicomte
Octave de Vallombrun, aristocrate français qui se pique d'avoir un esprit
scientifique, voyageur et géographe amateur, va recueillir le sauvage blanc -
Narcisse Pelletier, puisqu'il s'agit de lui - et essayer de lever le mystère
sur sa fabuleuse aventure.
Mon opinion :
Tout
d'abord je dois dire que les histoires vraies, qui plus est écrites par un
candidat au Goncourt, même au Goncourt du premier roman, je m'en méfie
énormément. J'ai lu trop de Goncourt ennuyeux et laborieusement littéraires qui
auraient fait sursauter les frères en question, pour ne pas aborder cette
lecture du bout des yeux, prête à refermer le livre dès que l'ennui se ferait
sentir.
Eh bien
j'ai été très agréablement surprise. Et pourtant, il n'y a pas de véritable
histoire ou du moins les péripéties se font attendre. Mais le concept est
original. En effet les chapitres alternent entre le récit de Narcisse qui
constate son abandon, sa découverte de la tribu d'aborigènes, et ceci juste
après le départ du navire, et les lettres que l'aristocrate Octave de
Vallombrun envoie au Président d'une société géographique pour lui faire part
de ses pensées, de ses progrès et des réactions de Narcisse, son protégé.
De ce fait,
les chapitres sont très différents puisque les lettres sont rédigées dans le
style ampoulé des lettrés du 19ème siècle, aristocrates de surcroît, tandis que
les petites aventures de Narcisse, ses pensées, ses chagrins, adoptent un ton
plus naturel, moins mondain.
Ceci dit,
on est bluffé et agréablement séduit par la qualité de l'écriture, tout à fait
digne d'un Goncourt. N'allez pourtant pas croire que le roman soit ardu, loin
de là. Il se lit aisément et l'on passe un agréable moment, tantôt sur les
côtes de l'Australie, tantôt au château d'Octave de Vallombrun.
Et de fait,
ce petit roman est à la fois un roman d'aventures puisqu'il a un petit
côté Robinson Crusoé en moins puéril ; c'est un roman
philosophique car on retrouve le mythe du bon sauvage cher à Rousseau (vous
savez, l'homme blanc corrompu par la société et l'homme sauvage, l'homme
naturel donc, naturellement bon ? Si, si, vous en avez entendu parler au
lycée...). C'est aussi un roman à énigme car on sera amené à se demander ce qui
est arrivé au pauvre Narcisse; c'est un roman épistolaire, évidemment car la
correspondance d'Octave est omniprésente, et enfin, c'est un roman biographique
car une histoire vraie.
Reste que
c'est surtout un roman à ne pas manquer, et à glisser sur le dessus de sa Pal.
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