mardi 11 juin 2019

Zona frigida - Anne Birkefeldt Ragde

Un roman à lire en pleine canicule


Le résumé :

Nous sommes en Norvège et nous allons accompagner Béa, une jeune femme au caractère très affirmé, dans une croisière au Spitzberg, dans le Grand Nord. 
Officiellement Béa a choisi cette croisière comme la plupart des autres touristes, pour voir des phoques, des paysages grandioses et surtout des ours blancs. Mais elle avoue rapidement au lecteur qu'en réalité elle va au Spitzberg "pour picoler." Il faut dire que si le lecteur norvégien est susceptible de comprendre les motivations d'un touriste à aller se geler dans ce type de croisière, les lecteurs plus méridionaux seront quant à eux horrifiés et plus enclins à ne voir que les nombreux inconvénients que représente ce périple, en car d'abord, puis pour la plus grande partie en bateau, avec des escales parfois dangereuses sur la terre ferme. De quoi se demander ce que Béa va faire dans cette galère à la mode viking.
Et ce roman se limiterait à un banal récit de voyage si l'on ne découvrait pas rapidement que Béa a un sombre projet et que c'est la raison de cet exil glacé. 
Quel traumatisme a donc vécu Béa pour être aussi déterminée?
Quel rôle les passagers du bateau vont-ils jouer dans cette vendetta?

Mon opinion :

C'est un roman qui peut se vanter de m'avoir donné froid.
Mais qui sont donc ces touristes et de quel bois sont donc faits ces norvégiens pour avoir l'étrange idée d'aller se promener dans le Grand Nord, fut-ce en plein été ?  Que peut-on bien trouver d'excitant à contempler des ours blancs ou des phoques en train d'être tués puis dépecés ?  Et franchement, y a-t-il vraiment des gens pour s'extasier devant des banquises ou des montagnes de glace ou un paysage désespérément blanc  ? 
Ces questions, je me les suis posées tout au long de ma lecture sans jamais abandonner le livre tant je voulais aller au bout de cette épreuve pour connaître la finalité de ce voyage. Mais j'ai souffert.
Tout d'abord j'ai définitivement compris que je n'étais pas faite pour les pays nordiques, ni pour la neige. Ces paysages orphelins des forêts, de l'herbe, des fleurs m'ont déprimée. Ce qui ne sera pas le cas de tous les lecteurs.
Ensuite Béa, l'héroïne, m'a d'abord semblé particulièrement antipathique.  Ce n'est rien de dire qu'elle "picole" car je n'avais jamais imaginé qu'un être humain pouvait absorber autant d'alcool, de bières et fumer autant de cigarettes et ceci, du matin au soir et du soir au matin. Et l'auteur ne nous épargne aucun des verres qu'elle avale ni aucune des cigarettes qu'elle grille. A ce stade, on se surprend à douter de son intelligence, s'attendant à la voir sombrer dans le delirium tremens à chaque page. Encore que finalement, j'aurais préféré qu'elle nous décrive des éléphants roses que ces ours et ces phoques qui m'ont presque fâchée avec Greenpeace. 
J'en viens au récit entièrement narré à la première personne et selon l'unique point de vue de Béa qui finit par devenir lassant surtout lorsque l'héroïne est cette jeune femme assez imbue de sa personne, goguenarde avec certains passagers et à la limite de la xénophobie si l'on en juge par la manière dont elle parle des japonais et surtout des suédois.
Mais curieusement, comme je l'ai déjà dit, je n'ai pas abandonné le roman. Pourquoi ?
Il y a d'abord cette curiosité que l'on ressent dès que l'on a compris que Béa était là pour se venger. On veut savoir qui est la future victime et on est déjà prêt à prendre le parti de cette malheureuse tant on est en passe de haïr Béa. Mais on aurait tort.... Il y a pire que Béa. Je n'en dirai pas plus sur ce sujet.
Il y a ensuite ce sentiment de faire partie de la croisière - encore que je n'imagine pas un jour embarquer dans un bateau aussi peu confortable pour voir les autres s'enivrer d'alcools forts et surtout pour grelotter dans ma cabine - Mais on finit par se surprendre à regarder d'un œil bienveillant  tout ce petit monde que l'auteur parvient très bien à rendre tangible.
Par contre, en ce qui me concerne, je n'ai pas poursuivi ma lecture pour les ours blancs qui semblent fasciner tout le monde et qui m'ont confortée dans mon idée initiale : ce sont des animaux infréquentables.