vendredi 5 janvier 2018

Notre château - Emmanuel Régniez

Un petit roman ambigu



Le résumé :

Un frère et une sœur habitent une vaste demeure qu'ils ont pompeusement surnommée "Notre château". Ils y vivent seuls, presque cloîtrés puisque seul le frère en sort une fois par semaine, le jeudi, pour se rendre en ville. Il se rend notamment dans une librairie pour acheter leur provision de livres de la semaine que sa sœur et lui dévorent quotidiennement. 
Mais un jeudi, le frère a une surprise: 

Le jeudi 31 mars à 14h32, j’ai vu ma sœur dans le bus n° 39 qui va de la Gare à la Cité des 3 Fontaines, en passant par l’Hôtel de Ville.

Or, il est impossible que sa sœur se soit trouvée dans cet autobus car elle ne sort jamais de chez elle. D'ailleurs, dès qu'il lui fait part de l'événement, elle le nie vigoureusement et ironiquement.
Et pourtant, à partir de ce moment, les anomalies vont s'enchaîner dans la vie de ce duo, ou plutôt de ce couple....

Mon opinion :

Très mitigée.
J'ai lu ce roman il y a peu de temps, et ce n'est qu'en tournant la dernière page que je me suis aperçue que je l'avais déjà lu. Ce n'était pas bon signe. J'étais persuadée de l'avoir juste commencé et abandonné, et en poursuivant ma seconde lecture, je me pensais en terrain inconnu car je n'avais aucun souvenir du dénouement. Et pour cause ! Car le problème numéro 1  de ce roman est le dénouement. Qu'en penser ? En ce qui me concerne : rien ! Absolument rien, et je ne suis pas certaine de l'avoir réellement compris comme l'auteur l'aurait souhaité, et ce, après deux lectures !  Je ne suis même pas certaine qu'il y avait quelque chose à comprendre.

En fait, je crois que le lecteur va attendre beaucoup trop de ce tout petit roman, de son titre évocateur de lieux enchantés, de ce couple un peu sulfureux, et ce pauvre lecteur va espérer avec impatience, qu'enfin, il se passe quelque chose. Mais il se passe peu de choses dans cette histoire, ou alors, il faut que l'imagination du pauvre lecteur égaré dans ces pages, se déchaîne pour égayer, ne serait-ce qu'un peu, cette lénifiante lecture. 

Et j'en viens au deuxième écueil de ce roman: le style.
Il plaira à certains, je n'ai aucun doute à ce sujet, mais d'autres s'en lasseront très vite. 
En fait, le narrateur de ce roman, le jeune homme, est atteint d'une sorte de logorrhée chronique assommante qui le pousse à répéter sans cesse, en boucle, les mêmes idées sous des formes à peine différentes. Un morceau choisi :

Je vais tout de suite dire quelque chose : ma sœur ne prend jamais le bus, ma sœur ne va jamais en ville. Elle déteste aller en ville. Elle déteste la ville. Elle déteste le bus et elle me dit chaque jeudi matin quand je pars pour la ville et que je vais prendre le bus : « Mais comment fais-tu pour prendre le bus ? Appelle un taxi. » Chaque jeudi matin, quand je quitte la maison pour me rendre en ville, ma sœur me rappelle son horreur du bus. Ma sœur me rappelle qu’elle n’a jamais pris le bus, qu’elle ne prendra jamais le bus. Ma sœur me rappelle qu’elle déteste le bus. Je sais pourquoi elle ne prend jamais le bus. Je sais pourquoi elle déteste le bus. Je sais aussi pourquoi elle ne comprend pas que moi je prenne le bus. J’y reviendrai.

Déjà là, on a envie de lui crier: "Non ! N'y reviens pas !", mais faites-lui confiance, il va y revenir....et beaucoup trop souvent à mon goût.

Enfin, tentons de glisser un mot sur les personnages, car l'on se dit qu'ils sont sûrement très originaux ou très sympathiques et que ce sont eux qui portent le livre.
Eh bien....non.
Je n'ai ressenti que méfiance et répulsion pour cette fratrie enfermée dans son anormalité, dans sa monstruosité, même, et j'ai bien peur d'avoir compris le dénouement, finalement...

Fasse le Ciel que ma mémoire ne m'égare pas encore une fois et qu'elle ne me lance pas dans une troisième lecture de cette histoire !