samedi 2 mai 2020

Délicieuses pourritures - Joyce Carol Oates

Encore un Oates

Délicieuses pourritures (Roman étranger) par [Joyce Carol Oates, Claude Seban]


Le résumé :

Années 70, plus exactement 75. Gillian, 20 ans, est étudiante à l'université de Catamount College dans le sud-ouest du Massachusetts. Gillian réside sur le campus avec d'autres étudiantes, Dominique, Cassie, Pénélope, Marisa et d'autres, à Heath Cottage. L'entente est plus ou moins cordiale entre elles; Catamount College est en effet une université qui n'accueille que des filles. 
Mais tout le campus est régulièrement réveillé par des alarmes incendie, des incendies dont personne n'a encore réussi à identifier le ou  les auteurs.
Lorsque Gillian se décide à rédiger ce qu'elle dit ne pas être une confession car elle n'a rien à confesser, elle est en train de suivre une femme, Dorcas, l'épouse d'André Harrow, l'homme dont elle est amoureuse et le très vénéré professeur de littérature de l'université. 
André Harrow enseigne à près de cent cinquante jeunes filles, toutes plus ou moins éprises de lui et il dirige un atelier de poésie très prisé qui n'accueille qu'une dizaine d'élues. André Harrow est un professeur atypique, comme la suite du roman va nous le révéler. Dangereusement atypique. 


Mon opinion :

Avez-vous vu le film Le cercle des poétes disparus de Peter Weir, sorti en 1989, avec Robin Williams, dans le rôle du professeur de littérature ? Si vous l'avez vu, vous pouvez vous faire une petite idée de la personnalité d'André Harrow, lui aussi professeur de poésie. Encore que Robin Williams incarnait un enseignant passionné mais sympathique. André Harrow est une "délicieuse pourriture". 

C'est d'abord le titre qui m'a attirée et incitée à choisir ce roman. J'ai tout de suite adoré cet oxymore "délicieuses pourritures" et j'ai tout de suite voulu savoir de quoi il était question. 
Quand j'étais enfant, j'avais des goûts culinaires assez éclectiques, voire écoeurants, j'adorais le beurre rance, les poires blettes, les bananes un peu trop mûres. Ma grand-mère ne comprenait pas pourquoi je mangeais des fruits pourris. Elle m'invitait à les jetter aux ordures. Et pourtant, le goût de ces mets presque gâtés me ravissait. Ne mange-t-on pas du camembert et d'autres fromages très avancés ? Ou du gibier bien faisandé ? Le roman de Oates, Délicieuses pourritures, n'est pas très éloigné de mes goûts enfantins. Par une aberration du goût ou de l'esprit, on peut être attiré par ce qui est gâté, pourri. C'est ce qui est arrivé à Gillian et à toutes les filles qui suivaient les cours d'André Harrow. 

Les maîtres-mots de ce roman sont la fascination, l'amour, le pouvoir, le contrôle, le narcissisme, la pourriture. 

Je ne vais pas déflorer davantage le sujet de ce roman ni trop vous en raconter, mais au contraire vous en dire le moins possible pour vous inciter à vous le procurer et à le dévorer. Mais attention, il vous laissera un goût amer dans la bouche....


mardi 28 avril 2020

Premier amour - Joyce Carol Oates

Un sujet assez ....choquant, mais un roman passionnant


Le résumé :

La petite Joséphine, qui n'aime pas qu'on l'appelle Joséphine et que tout le monde appelle Josie, a suivi sa mère qui s'est enfuie du domicile conjugal,  quittant brusquement son époux pour des raisons obscures en entraînant avec elle sa petite fille de 11 ans.  Elles sont toutes deux hébergées à Ransomville, dans l’État de New York. chez les Burkhardt, grande famille autrefois très aisée. La maison qui les accueille est celle du Révérend, aujourd'hui décédé, et de la grand-tante Ester. Cette dernière a accueilli Josie et sa mère mais les considère plus ou moins comme des domestiques. Sa dévotion va à  son petit-fils Jared, étudiant en théologie âgé de 25 ans.  
Jared est très secret, très éloigné du monde matériel puisqu'il se complaît dans l'étude des textes théologiques ou dans d'obscures méditations. Il semble ignorer la petite Josie. Celle-ci est une enfant curieuse et vive qui se plaît à vagabonder dans la nature, au bord de la rivière, et à épier son cousin. 
Un jour d'été, Josie, en promendade au bord du marais, près de la rivière, va rencontrer son cousin, torse nu, assis au bord de l'eau. Fait extraordinaire, lui qui n'a jamais adressé la parole à Josie ni à sa mère, l'interpelle : « Petite ! »....

Mon opinion :

J'ai découvert Joyce Carol Oates en lisant Les mystères de Winterthurn, puis plus tard Le mystérieux Mr Kidder
Si le premier m'a littéralement envoûtée Ici, le second m'a laissée dubitative  mais globalement, je suis tombée sous le charme de cet écrivain. Eh oui, je me refuse à écrire "écrivaine" car je déteste ce mot et cette manie de vouloir à tout prix faire preuve d'un féminisme à outrance jusque dans la féminisation des mots et des métiers.
J'ai donc décidé de garder un oeil sur les romans de cette grande dame, tout en sachant que ses oeuvres peuvent à la fois vous ravir mais aussi vous entraîner dans des chemins assez tortueux.
Premier amour fait partie des romans qui peuvent ..... surprendre par le caractère très délicat du sujet abordé, sujet que je ne vous révélerai pas tant il est important de le découvrir seul.
Ce que je peux ajouter, sans vous mettre vraiment sur la piste, est que j'ai mis quelques pages avant de comprendre de quoi il était réellement question tant cet auteur a du talent. Elle est capable d'aborder de la manière la plus poétique et la plus ambiguë aussi un sujet brûlant, je dirai même choquant ou scabreux. 

Je vous laisse découvrir ce tout petit roman qui se lit en une ou deux heures et qui vaut vraiment le détour.
Enjoy !