dimanche 12 mars 2017

Le plus petit baiser jamais recensé - Mathias Malzieu

Un roman tout doux





Résumé: 

C'est l'histoire d'un homme et d'une femme. Banal, non ? 
Lui est un inventeur dépressif, comme il le dit lui-même. On ne découvrira jamais vraiment ce qu'il invente, à part des bonbons au goût de baiser et des pistolets à grenouilles, mais il s'étendra longuement sur le côté dépressif: Une femme lui a brisé le cœur... 
Elle, c'est une fille qui disparaît quand on l'embrasse. 
Et vous connaissez l'histoire: ils se rencontrent, se perdent (forcément, elle disparaît quand on l'embrasse) et ils vont passer le roman à essayer de se retrouver. 

Mon opinion : 
Alors, je ne sais pas bien comment j'ai eu l'idée saugrenue de lire ce tout petit roman de 104 pages, même si le titre et le nombre de pages (honte à moi) ont dû jouer un rôle non négligeable dans mon choix. 
D'emblée, je me suis dis " Non, mais tu t'es vue, là ? Tu lis un roman d'amour !!! Et c'est pas ton truc !!! ". Mais vous savez bien, on ne s'écoute jamais....et j'ai terminé le roman d'une traite. 
Et il m'a plu. 
Pourquoi ? Pas de mystère, c'est le style qui m'a enchantée. L'histoire est très banale et, disons-le tout de suite, extrêmement prévisible. C'est une toute petite histoire d'amour, une histoire d'amour comme toutes celles qui ont noirci du papier depuis des lustres. 
Mais le style....Il est très poétique et très amusant et ça, j'ai adoré. 
D'abord, il y a la petite musique du roman, une musique légère qui vous fait penser à la fois aux amoureux de Peynet, aux boutiques des marchands de bonbons acidulés, aux aquarelles de Marie Laurencin et aux toits de Paris quand c'est le printemps et qu'il pleut. 
Puis, il y a les personnages. D'abord, mon préféré, le perroquet Elvis qui tient son nom, évidemment, du King Presley et qui est très particulier. Pensez un peu: il a un flair incroyable pour dénicher les "filles un peu trop jolies" et il imite à la perfection les orgasmes. Si, si ! Ça ne s'invente pas, ça. C'est lui qui va aider le héros dans sa quête romantique. 
J'ai bien aimé aussi le maître du perroquet Gaspard Neige, un vieux détective privé à la retraite, premier amant de Liz Tailor (c'est lui qui le dit) et qui va se passionner pour cette histoire de fille qui disparaît. Il est complètement barré et sans lui le roman serait bien moins savoureux. 
Après il y a la fille. D'elle je parlerai peu, histoire de ne pas déflorer le sujet, mais sachez qu'elle est touchante, mystérieuse et jolie. Enfin comme doit l'être une héroïne de roman d'amour, quoi. 
Et puis, il y a Lui. Bah c'est un grand benêt. Mais on l'aime bien quand même avec son histoire d'amour digne des plus roses et des plus sirupeux romans pour filles....Il parle surtout d'une manière un peu magique, avec des mots-valise comme "appartelier" ou "nichonnier" ou encore "Sparadramour". 
Donc voilà, j'ai aimé ce bout de poésie, cette histoire banale si habilement embellie et je vous conseille ce tout petit roman d'amour. 

Quelques morceaux choisis pour vous mettre l'eau à la bouche :

Citation:
Je descendis le boulevard Lee Hazlewood dont les noisetiers géants faisaient tinter leurs fruits de bois. Les arbres passaient au roux, le vent arrachait leurs premières feuilles mortes. Avec ma crinière d'écureuil, je traversais l'automne comme un trompe-l'œil, peinard. Sur mon épaule gauche le perroquet détonnait, avec ses airs de ciel d'été. Je pensais à la fille invisible. Lorsque les souvenirs de la guerre mondiale de l'amour remontaient à la surface, je me concentrais sur le challenge d'inventivité amoureuse qu'il me faudrait relever pour la retrouver.

Citation:
Je regagnai mon appartelier du 10, rue Brautigan, dans le 3e arrondissement, où j'avais déposé mes valises pleines de vide quelques mois auparavant. Les murs étaient si blancs qu'on les aurait crus recouverts de peinture à l'ectoplasme. Mais il y avait ces hublots de chalutier magique qui semblaient aimanter la lumière. J'avais rapidement planté quelques livres sur les étagères, histoire de me convaincre que c'était bien chez moi. J'y avais fêté mon trente-septième anniversaire en jouant au ping-pong contre le mur de la salle de bains. Un tout petit pas pour l'homme, j'en conviens, mais un grand pour mon humanité car je sortais de quatre longues semaines à crever dans un hôtel de la rue de Charogne. Là-bas, on se serait cru dans un hôpital sans infirmières. J'avais tellement chialé dans ces draps de coton rêches que la femme de chambre avait dû croire que je pissais au lit.

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