lundi 22 mars 2021

Les Somnambules - Chuck Wendig

 
A la manière de Stephen King




Le résumé :

Tout commence lorsque Shana, 18 ans, découvre que sa jeune sœur Nessie, 15 ans, a, un beau matin, quitté la maison familiale et est partie sur la route, le regard vide et insensible à tout. Elle n'entend pas, ne parle pas, ne ressent rien et marche tout droit devant elle malgré les supplications de sa sœur aînée. L'arrêter dans sa marche c'est aussi la mettre en danger de mort. La seule issue pour Shana sera de suivre sa sœur, de l'accompagner dans son périple insensé et de la protéger. Elle deviendra son "berger" comme tant d'autres personnes par la suite puisque Nessie n'est que la première "somnambule", elle sera rapidement suivie et accompagnée de plusieurs centaines de ses semblables, et naîtra alors "le Troupeau" accompagné de ses "bergers".
Qu'est-il arrivé à ces "somnambules" ? Pourquoi ne s'arrêtent-ils pas ? Où vont-ils ? C'est ce que toutes les instances scientifiques de l'Amérique tenteront de découvrir en accompagnant et en étudiant "le Troupeau".  
Et leurs recherches vont les amener à une  terrifiante découverte, lourde de conséquences pour l'espèce humaine.

Mon opinion :

Quand j'ai commencé la lecture de ce roman de 1174 pages, j'étais ravie. D'abord parce j'adore les gros livres, surtout quand le sujet me captive, quand le style est agréable et les personnages captivants. et le roman de Chuck Wendig réunit toutes ces qualités. 
Le thème est clairement issu du genre science-fiction, puisque ces "somnambules" sont atteints d'une sorte de mal mystérieux qui ne trouvera son explication que bien plus tard dans le roman, et ce mal est sinon original, du moins clairement inspiré de la Science du futur. J'ai beaucoup apprécié. 
Le style est assez similaire à celui de Stephen King : l'auteur passe d'un personnage à un autre, selon les chapitres, les suit dans leurs mésaventures tout au long du roman, décrit des situations tendues et assez effrayantes, mais ce que j'ai le plus admiré c'est son érudition. Chuck Wendig a clairement poussé très loin ses recherches scientifiques et médicales pour énumérer et décrire les diverses avanies que nous réservent champignons, bactéries, virus. 
Les personnages acquièrent rapidement une vie propre et semblent vite exister par eux-mêmes grâce au talent de l'auteur. Certains sont sympathiques, d'autres franchement dangereux, d'autant plus qu'ils font écho à divers événements survenus dans les faits divers de cette Amérique profonde : racisme, suprématie blanche, violence envers les minorités et les gens fragiles, etc. Je pense que c'était l'un des objectifs de l'auteur que de raconter son pays avec ses travers, et cette galerie de personnages fait souvent franchement peur et invite à réfléchir à des sujets d'actualité comme le réchauffement climatique, la course au progrès et à la consommation à outrance, la vie en société, etc.
Jusqu'à la moitié du roman, j'étais enchantée de ma lecture. 
Mais après 600 pages,  rapidement, je me suis ennuyée. Pourquoi ?
Tout d'abord, vers la moitié du roman, l'auteur nous donne la solution à ces accès de somnambulisme du "Troupeau". Une solution qui n'est finalement pas si originale que ça puisqu'on a tous eu l'occasion de la découvrir dans des séries ou dans d'autres romans SF. Mais une solution crédible qui est quand même assez bien exploitée. Reste qu'à partir du moment ou l'on sait, le roman perd un peu de son sel, donc je pense que c'était une erreur de dévoiler trop tôt la Vérité.
Ensuite, ce roman est clairement un roman post-apocalyptique, et je déteste ce genre. Mais je peux concevoir qu'il attirera beaucoup de lecteurs qui seront enchantés. 
Il n'en demeure pas moins que j'en ai vite eu assez de suivre ce "Troupeau" pendant le dernier tiers du roman et j'ai trouvé le temps long, mais long....
D'autre part, si j'ai d'abord été bluffée et enchantée par l'érudition scientifique et épidémiologique de Chuck Wendig, retrouver cette atmosphère de pandémie et de catastrophe annoncée, trop réelle et trop en phase avec notre actualité, a fini par me donner la nausée et c'est miracle si je n'ai pas abandonné la lecture avant le dénouement.

Bilan mitigé, donc, pour moi. C'est un grand roman, celui d'un auteur de talent, mais je n'étais sans doute pas la lectrice idéale pour accompagner ce Troupeau de somnambules dans sa quête.
Je recommande néanmoins la lecture de ce roman à tous les amateurs de SF post-apocalyptique et d'aventures un peu effrayantes.

dimanche 28 février 2021

La transformation des papillons - Federico Axat

 Un roman bluffant




Le résumé :

Sam a un an lorsque sa mère disparaît dans un accident de voiture. "Disparaît", oui, car bien que Sam ait été présent dans l'habitacle et que l'accident l'accompagne souvent dans ses rêves, personne n'a retrouvé sa mère. Sam croit seulement se souvenir que quelqu'un ou quelque chose l'a emportée. Cette disparition fera d'ailleurs grande impression dans la petite ville de Carnival Falls qui en a connu d'autres. Certains racontent même que des extra-terrestres enlèvent des gens.

Sam est placé à un an dans une famille d'accueil, chez les Carroll qui n'accueillent pas moins d'une quinzaine d'enfants, les presque frères et sœurs d'adoption de Sam. Dans l'ensemble Sam sera heureux, même si des petites et grandes rivalités s'emploieront à perturber ses jeux.

Lorsque débute le récit, nous sommes en 1985 et Sam a un grand ami : Billy Pompeo, un  jeune garçon de son âge (onze/douze ans) qui habite la petite ville. Ils vont tous deux faire la connaissance de Miranda Matheson, une fille de leur âge qui vient de s'installer dans une somptueuse demeure familiale avec ses parents revenus du Canada. Les deux amis tombent tous les deux amoureux de Miranda et le trio devient inséparable, partageant jeux, soucis et mystères.

Les trois enfants vont vivre des aventures palpitantes mais aussi découvrir que le monde des adultes est complexe, voire impitoyable.


Mon opinion :

Un roman bluffant, qui m'a scotchée du début à la fin. Surtout à la fin....L'auteur, Federico Axat, a beaucoup de talent, et je n'oublierai pas le traducteur qui a une large part dans la réussite de ce récit.

Contrairement à ce que le résumé pourrait laisser croire, ce n'est pas un livre jeunesse, c'est un roman qui fleure bon l'enfance, les amours enfantines, les vacances, le soleil, les jeux et l'amitié. Mais c'est aussi un roman qui évoque des sujets graves que je vous laisse découvrir.

Certains passages m'ont fait penser à La Guerre des boutons de Louis Pergaud avec les jeux, la construction de cabanes, les courses à travers la forêt, tandis que d'autres m'ont rappelé Sa Majesté des mouches de William Golding, à cause de la cruauté et de la violence de certains personnages.

Le roman se promène entre le passé et le présent de Sam, ce qui peut sembler déstabilisant mais nécessaire pour que l'auteur puisse nous amener là où il l'a décidé.

J'ai vraiment adoré ce roman que j'ai beaucoup de difficultés à présenter et à résumer et vous comprendrez pourquoi en le lisant. 

jeudi 25 février 2021

Les donneurs de mauvaises nouvelles

 A la manière d'un grand poète belge


Les donneurs de mauvaises nouvelles

 

A l’affût, l’oreille et l’œil aux aguets, ils rôdent.
Constamment au taquet, ils épluchent les journaux.
Avides de sang, de guerres, de désastres, ils  se jettent sur les reportages télévisés.
Ils écoutent. Ils guettent. Ils espionnent les coliques de la planète.
L’œil vif et la langue pendante, ils ressemblent à des chacals.
Ils sont habiles, rapides, curieux, cruels.
Ils recueillent les faits divers, épluchent les récits de catastrophes.
Et puis, enfin repus, ils s’empressent de semer les graines du désespoir.
Ils s’approchent insidieusement des gens heureux et déversent leurs abominations dans leurs oreilles inquiètes.
Ils n’ont de cesse de semer le trouble, de distiller le chagrin, d’effacer les sourires et le bonheur des visages de ceux qu’ils abhorrent.
Ils ne s’arrêtent jamais tant qu’une parcelle d’espoir ou de bonne humeur continue d’exister.
La mission qu’ils se sont donnée est d’assombrir le ciel bleu, d’éteindre le soleil, de tourmenter les âmes.
Ce sont les donneurs de mauvaises nouvelles, uniquement préoccupés par le malheur des autres.
Fuyez-les ! Fuyez-les vite ! Votre chagrin est leur raison de vivre !


lundi 22 février 2021

Si ça saigne - Stephen King

 Un recueil de nouvelles



Le résumé : 

Quatre nouvelles composent ce recueil : Le téléphone de monsieur Harrigan, La vie de Chuck, Si ça saigne, Rat.

Le téléphone de monsieur Harrigan est l'histoire de Craig, onze ans qui vit avec son père et qui est embauché par M Harrigan pour de menus travaux modestement rémunérés, il est notamment chargé de lui faire la lecture. M Harrigan est un homme très riche, venu prendre sa retraite dans ce petit village où il fait bon vivre. C'est aussi un très vieux monsieur qui n'a pas Internet et pas de téléphone portable, et pourtant il a largement les moyens de se les offrir. Il a l'habitude d'offrir à Craig, dont il apprécie la compagnie, un ticket à gratter de loterie, et ceci quatre fois par an,

Un jour Craig gagne un peu d'argent grâce à ces tickets et pour remercier son bienfaiteur, il a l'idée de lui offrir un téléphone portable....


La vie de Chuck est l'histoire d'un homme qui meurt d'un cancer sur son lit d’hôpital, entouré de sa famille.


Si ça saigne est une nouvelle dans laquelle on retrouve Holly Gibney, l'un des personnages du roman L'Outsider. Elle vit dans une petite ville et est associée avec Pete Huntley dans l’agence de détectives privés Finders Keepers. Elle souffre toujours de la disparition de Bill Hodges, autre personnage de L'Outsider, et effectue de petites missions.

Un jour, elle est devant la télévision quand éclate un attentat dans un collège de Pineborough, en Pennsylvanie, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Pittsburgh. Beaucoup d'enfants meurent ou sont grièvement blessés.


Rat est une courte nouvelle qui met en scène Drew Larson, professeur et écrivain qui a connu quelques petits succès en écrivant des nouvelles mais qui semble incapable d'écrire un roman sous peine de grave dépression. Pourtant, un jour, une idée de roman lui vient et il décide, malgré les réticences de son épouse, d'aller s'enfermer dans un chalet au milieu des bois pour commencer l'écriture de ce roman de la dernière chance. 


Mon opinion :

Depuis quelques années, je suis moins encline à lire les romans de Stephen King. C'est un excellent conteur, un écrivain hors pair et il a évolué, ce qui est normal, mais je ne retrouve plus dans ses romans la spécificité et l'originalité qui étaient au centre de ses premières œuvres. Je pense à Shining, à Simetierre, à Bazaar et à tant d'autres. Mon sentiment est que Stephen King s'éloigne un peu du fantastique pur de celui de Ça, par exemple, pour se tourner vers un surnaturel plus confidentiel, plus discret. Or, j'avais adoré Ça qui restera pour moi le chef d'oeuvre de l'auteur.

Ce recueil de nouvelles ne fait pas exception à la règle. Le talent de l'écrivain est toujours aussi percutant, les histoires sont toujours prégnantes et merveilleusement bien contées, mais je n'ai toujours pas retrouvé ce souffle fantastique que j'avais tant aimé, ni cette atmosphère angoissante des premiers romans et des premières nouvelles du King.

La première nouvelle, et l'auteur en convient, m'a beaucoup fait penser à une autre histoire dont j'ai oublié le titre. Je dirais donc que le dénouement est un peu convenu et manque d'originalité. 

Ceci dit, la nouvelle qui se rapproche le plus de ce que Stephen King écrivait autrefois est Rat. Dans ce récit, on retrouve l'atmosphère angoissante qui m'avait ravie dans La petite fille qui aimait Tom Gordon

Par contre, et sans déflorer le sujet, Si ça saigne ne m'a pas emballée, pas plus que le roman L'Outsider.

Mais nul doute que les fans du King seront ravis à la lecture de ce recueil, et c'est très bien. 

samedi 2 mai 2020

Délicieuses pourritures - Joyce Carol Oates

Encore un Oates

Délicieuses pourritures (Roman étranger) par [Joyce Carol Oates, Claude Seban]


Le résumé :

Années 70, plus exactement 75. Gillian, 20 ans, est étudiante à l'université de Catamount College dans le sud-ouest du Massachusetts. Gillian réside sur le campus avec d'autres étudiantes, Dominique, Cassie, Pénélope, Marisa et d'autres, à Heath Cottage. L'entente est plus ou moins cordiale entre elles; Catamount College est en effet une université qui n'accueille que des filles. 
Mais tout le campus est régulièrement réveillé par des alarmes incendie, des incendies dont personne n'a encore réussi à identifier le ou  les auteurs.
Lorsque Gillian se décide à rédiger ce qu'elle dit ne pas être une confession car elle n'a rien à confesser, elle est en train de suivre une femme, Dorcas, l'épouse d'André Harrow, l'homme dont elle est amoureuse et le très vénéré professeur de littérature de l'université. 
André Harrow enseigne à près de cent cinquante jeunes filles, toutes plus ou moins éprises de lui et il dirige un atelier de poésie très prisé qui n'accueille qu'une dizaine d'élues. André Harrow est un professeur atypique, comme la suite du roman va nous le révéler. Dangereusement atypique. 


Mon opinion :

Avez-vous vu le film Le cercle des poétes disparus de Peter Weir, sorti en 1989, avec Robin Williams, dans le rôle du professeur de littérature ? Si vous l'avez vu, vous pouvez vous faire une petite idée de la personnalité d'André Harrow, lui aussi professeur de poésie. Encore que Robin Williams incarnait un enseignant passionné mais sympathique. André Harrow est une "délicieuse pourriture". 

C'est d'abord le titre qui m'a attirée et incitée à choisir ce roman. J'ai tout de suite adoré cet oxymore "délicieuses pourritures" et j'ai tout de suite voulu savoir de quoi il était question. 
Quand j'étais enfant, j'avais des goûts culinaires assez éclectiques, voire écoeurants, j'adorais le beurre rance, les poires blettes, les bananes un peu trop mûres. Ma grand-mère ne comprenait pas pourquoi je mangeais des fruits pourris. Elle m'invitait à les jetter aux ordures. Et pourtant, le goût de ces mets presque gâtés me ravissait. Ne mange-t-on pas du camembert et d'autres fromages très avancés ? Ou du gibier bien faisandé ? Le roman de Oates, Délicieuses pourritures, n'est pas très éloigné de mes goûts enfantins. Par une aberration du goût ou de l'esprit, on peut être attiré par ce qui est gâté, pourri. C'est ce qui est arrivé à Gillian et à toutes les filles qui suivaient les cours d'André Harrow. 

Les maîtres-mots de ce roman sont la fascination, l'amour, le pouvoir, le contrôle, le narcissisme, la pourriture. 

Je ne vais pas déflorer davantage le sujet de ce roman ni trop vous en raconter, mais au contraire vous en dire le moins possible pour vous inciter à vous le procurer et à le dévorer. Mais attention, il vous laissera un goût amer dans la bouche....


mardi 28 avril 2020

Premier amour - Joyce Carol Oates

Un sujet assez ....choquant, mais un roman passionnant


Le résumé :

La petite Joséphine, qui n'aime pas qu'on l'appelle Joséphine et que tout le monde appelle Josie, a suivi sa mère qui s'est enfuie du domicile conjugal,  quittant brusquement son époux pour des raisons obscures en entraînant avec elle sa petite fille de 11 ans.  Elles sont toutes deux hébergées à Ransomville, dans l’État de New York. chez les Burkhardt, grande famille autrefois très aisée. La maison qui les accueille est celle du Révérend, aujourd'hui décédé, et de la grand-tante Ester. Cette dernière a accueilli Josie et sa mère mais les considère plus ou moins comme des domestiques. Sa dévotion va à  son petit-fils Jared, étudiant en théologie âgé de 25 ans.  
Jared est très secret, très éloigné du monde matériel puisqu'il se complaît dans l'étude des textes théologiques ou dans d'obscures méditations. Il semble ignorer la petite Josie. Celle-ci est une enfant curieuse et vive qui se plaît à vagabonder dans la nature, au bord de la rivière, et à épier son cousin. 
Un jour d'été, Josie, en promendade au bord du marais, près de la rivière, va rencontrer son cousin, torse nu, assis au bord de l'eau. Fait extraordinaire, lui qui n'a jamais adressé la parole à Josie ni à sa mère, l'interpelle : « Petite ! »....

Mon opinion :

J'ai découvert Joyce Carol Oates en lisant Les mystères de Winterthurn, puis plus tard Le mystérieux Mr Kidder
Si le premier m'a littéralement envoûtée Ici, le second m'a laissée dubitative  mais globalement, je suis tombée sous le charme de cet écrivain. Eh oui, je me refuse à écrire "écrivaine" car je déteste ce mot et cette manie de vouloir à tout prix faire preuve d'un féminisme à outrance jusque dans la féminisation des mots et des métiers.
J'ai donc décidé de garder un oeil sur les romans de cette grande dame, tout en sachant que ses oeuvres peuvent à la fois vous ravir mais aussi vous entraîner dans des chemins assez tortueux.
Premier amour fait partie des romans qui peuvent ..... surprendre par le caractère très délicat du sujet abordé, sujet que je ne vous révélerai pas tant il est important de le découvrir seul.
Ce que je peux ajouter, sans vous mettre vraiment sur la piste, est que j'ai mis quelques pages avant de comprendre de quoi il était réellement question tant cet auteur a du talent. Elle est capable d'aborder de la manière la plus poétique et la plus ambiguë aussi un sujet brûlant, je dirai même choquant ou scabreux. 

Je vous laisse découvrir ce tout petit roman qui se lit en une ou deux heures et qui vaut vraiment le détour.
Enjoy !

mardi 11 juin 2019

Zona frigida - Anne Birkefeldt Ragde

Un roman à lire en pleine canicule


Le résumé :

Nous sommes en Norvège et nous allons accompagner Béa, une jeune femme au caractère très affirmé, dans une croisière au Spitzberg, dans le Grand Nord. 
Officiellement Béa a choisi cette croisière comme la plupart des autres touristes, pour voir des phoques, des paysages grandioses et surtout des ours blancs. Mais elle avoue rapidement au lecteur qu'en réalité elle va au Spitzberg "pour picoler." Il faut dire que si le lecteur norvégien est susceptible de comprendre les motivations d'un touriste à aller se geler dans ce type de croisière, les lecteurs plus méridionaux seront quant à eux horrifiés et plus enclins à ne voir que les nombreux inconvénients que représente ce périple, en car d'abord, puis pour la plus grande partie en bateau, avec des escales parfois dangereuses sur la terre ferme. De quoi se demander ce que Béa va faire dans cette galère à la mode viking.
Et ce roman se limiterait à un banal récit de voyage si l'on ne découvrait pas rapidement que Béa a un sombre projet et que c'est la raison de cet exil glacé. 
Quel traumatisme a donc vécu Béa pour être aussi déterminée?
Quel rôle les passagers du bateau vont-ils jouer dans cette vendetta?

Mon opinion :

C'est un roman qui peut se vanter de m'avoir donné froid.
Mais qui sont donc ces touristes et de quel bois sont donc faits ces norvégiens pour avoir l'étrange idée d'aller se promener dans le Grand Nord, fut-ce en plein été ?  Que peut-on bien trouver d'excitant à contempler des ours blancs ou des phoques en train d'être tués puis dépecés ?  Et franchement, y a-t-il vraiment des gens pour s'extasier devant des banquises ou des montagnes de glace ou un paysage désespérément blanc  ? 
Ces questions, je me les suis posées tout au long de ma lecture sans jamais abandonner le livre tant je voulais aller au bout de cette épreuve pour connaître la finalité de ce voyage. Mais j'ai souffert.
Tout d'abord j'ai définitivement compris que je n'étais pas faite pour les pays nordiques, ni pour la neige. Ces paysages orphelins des forêts, de l'herbe, des fleurs m'ont déprimée. Ce qui ne sera pas le cas de tous les lecteurs.
Ensuite Béa, l'héroïne, m'a d'abord semblé particulièrement antipathique.  Ce n'est rien de dire qu'elle "picole" car je n'avais jamais imaginé qu'un être humain pouvait absorber autant d'alcool, de bières et fumer autant de cigarettes et ceci, du matin au soir et du soir au matin. Et l'auteur ne nous épargne aucun des verres qu'elle avale ni aucune des cigarettes qu'elle grille. A ce stade, on se surprend à douter de son intelligence, s'attendant à la voir sombrer dans le delirium tremens à chaque page. Encore que finalement, j'aurais préféré qu'elle nous décrive des éléphants roses que ces ours et ces phoques qui m'ont presque fâchée avec Greenpeace. 
J'en viens au récit entièrement narré à la première personne et selon l'unique point de vue de Béa qui finit par devenir lassant surtout lorsque l'héroïne est cette jeune femme assez imbue de sa personne, goguenarde avec certains passagers et à la limite de la xénophobie si l'on en juge par la manière dont elle parle des japonais et surtout des suédois.
Mais curieusement, comme je l'ai déjà dit, je n'ai pas abandonné le roman. Pourquoi ?
Il y a d'abord cette curiosité que l'on ressent dès que l'on a compris que Béa était là pour se venger. On veut savoir qui est la future victime et on est déjà prêt à prendre le parti de cette malheureuse tant on est en passe de haïr Béa. Mais on aurait tort.... Il y a pire que Béa. Je n'en dirai pas plus sur ce sujet.
Il y a ensuite ce sentiment de faire partie de la croisière - encore que je n'imagine pas un jour embarquer dans un bateau aussi peu confortable pour voir les autres s'enivrer d'alcools forts et surtout pour grelotter dans ma cabine - Mais on finit par se surprendre à regarder d'un œil bienveillant  tout ce petit monde que l'auteur parvient très bien à rendre tangible.
Par contre, en ce qui me concerne, je n'ai pas poursuivi ma lecture pour les ours blancs qui semblent fasciner tout le monde et qui m'ont confortée dans mon idée initiale : ce sont des animaux infréquentables.