samedi 4 mars 2017

Ce qu'il advint du sauvage blanc - François Garde


Un roman improbable, que je n'imaginais pas vraiment lire un jour.


Le résumé :
Lorsqu’il s'aperçoit que ses camarades ne sont plus là, qu'il est seul sur la plage et que son navire a levé l'ancre, le matelot Narcisse Pelletier n'en croit pas ses yeux. On l'aurait abandonné sur cette plage d'Australie ? Non, impossible, ils vont revenir, demain, dans huit jours peut-être. 
Dix-huit ans plus tard, un navire anglais recueille à son bord, un curieux sauvage blanc : nu, tatoué, apeuré, ne parlant qu'un dialecte étrange, incapable d'expliquer qui il est et ce qui lui est arrivé. Pire, ce sauvage blanc semble regretter la tribu d'aborigènes avec laquelle il vivait et n'a suivi les européens à bord de leur navire que sous la contrainte. 
Le vicomte Octave de Vallombrun, aristocrate français qui se pique d'avoir un esprit scientifique, voyageur et géographe amateur, va recueillir le sauvage blanc - Narcisse Pelletier, puisqu'il s'agit de lui - et essayer de lever le mystère sur sa fabuleuse aventure. 

Mon opinion : 
Tout d'abord je dois dire que les histoires vraies, qui plus est écrites par un candidat au Goncourt, même au Goncourt du premier roman, je m'en méfie énormément. J'ai lu trop de Goncourt ennuyeux et laborieusement littéraires qui auraient fait sursauter les frères en question, pour ne pas aborder cette lecture du bout des yeux, prête à refermer le livre dès que l'ennui se ferait sentir. 
Eh bien j'ai été très agréablement surprise. Et pourtant, il n'y a pas de véritable histoire ou du moins les péripéties se font attendre. Mais le concept est original. En effet les chapitres alternent entre le récit de Narcisse qui constate son abandon, sa découverte de la tribu d'aborigènes, et ceci juste après le départ du navire, et les lettres que l'aristocrate Octave de Vallombrun envoie au Président d'une société géographique pour lui faire part de ses pensées, de ses progrès et des réactions de Narcisse, son protégé. 
De ce fait, les chapitres sont très différents puisque les lettres sont rédigées dans le style ampoulé des lettrés du 19ème siècle, aristocrates de surcroît, tandis que les petites aventures de Narcisse, ses pensées, ses chagrins, adoptent un ton plus naturel, moins mondain. 
Ceci dit, on est bluffé et agréablement séduit par la qualité de l'écriture, tout à fait digne d'un Goncourt. N'allez pourtant pas croire que le roman soit ardu, loin de là. Il se lit aisément et l'on passe un agréable moment, tantôt sur les côtes de l'Australie, tantôt au château d'Octave de Vallombrun. 
Et de fait, ce petit roman est à la fois un roman d'aventures puisqu'il a un petit côté Robinson Crusoé en moins puéril ; c'est un roman philosophique car on retrouve le mythe du bon sauvage cher à Rousseau (vous savez, l'homme blanc corrompu par la société et l'homme sauvage, l'homme naturel donc, naturellement bon ? Si, si, vous en avez entendu parler au lycée...). C'est aussi un roman à énigme car on sera amené à se demander ce qui est arrivé au pauvre Narcisse; c'est un roman épistolaire, évidemment car la correspondance d'Octave est omniprésente, et enfin, c'est un roman biographique car une histoire vraie. 
Reste que c'est surtout un roman à ne pas manquer, et à glisser sur le dessus de sa Pal.


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