samedi 4 mars 2017

Bruges-la-Morte - George Rodenbach

Un romancier belge...


Georges Rodenbach est un auteur du 19ème siècle, né en 1855 et mort en 1898. Il est belge, né à Tournai, et est devenu célèbre surtout grâce à ce roman.
On le classe dans les écrivains symbolistes et pour mieux le faire comprendre, je vous propose cet extrait qui illustre bien ce symbolisme: 
Citation:
Ah ! comme il avait bien fait d’y venir au temps de son grand deuil ! Muettes analogies ! Pénétration réciproque de l’âme et des choses ! Nous entrons en elles, tandis qu’elles pénètrent en nous. 


Les villes surtout ont ainsi une personnalité, un esprit autonome, un caractère presque extériorisé qui correspond à la joie, à l’amour nouveau, au renoncement, au veuvage. Toute cité est un état d’âme, et d’y séjourner à peine, cet état d’âme se communique, se propage à nous en un fluide qui s’inocule et qu’on incorpore avec la nuance de l’air. 

Hugues avait senti, à l’origine, cette influence pâle et lénifiante de Bruges, et par elle il s’était résigné aux seuls souvenirs, à la désuétude de l’espoir, à l’attente de la bonne mort… 

Et maintenant encore, malgré les angoisses du présent, sa peine quand même se délayait un peu, le soir, dans les longs canaux d’eau quiète, et il tâchait de redevenir à l’image et à la ressemblance de la ville.

J'explique un peu : 
Le héros, Hugues Viane, a quarante ans et il est veuf. Il a perdu sa jeune épouse qu'il aimait d'un amour passionné. Cet amour était partagé et les deux époux avaient vécu dans une tendre complicité. 
A la mort de son épouse, le veuf inconsolable décide de venir vivre à Bruges car il a visité cette ville avec sa jeune épouse, mais surtout parce que cette ville, de par sa tristesse et sa grisaille, lui semble la plus propice à épouser sa peine, la plus à même de comprendre son chagrin. Et il se promène sans cesse dans les rues de la ville, berçant et entretenant sa triste mélancolie. 

Un petit passage: 

Citation:
Ce soir-là, plus que jamais, tandis qu'il cheminait au hasard, le noir souvenir le hanta, émergea de dessous les ponts où pleurent les visages de sources invisibles. Une impression mortuaire émanait des logis clos, des vitres comme des yeux brouillés d'agonie, des pignons décalquant dans l'eau des escaliers de crêpe. Il longea le Quai Vert, le Quai du Miroir, s'éloigna vers le Pont du Moulin, les banlieues tristes bordées de peupliers. Et partout, sur sa tête, l'égouttement froid, les petites notes salées des cloches de paroisse, projetées comme d'un goupillon pour quelque absoute.


Mais un jour, alors qu'il vient d'admirer dans l'église Notre-Dame le tombeau de Charles le Téméraire et de Marie de Bourgogne, alors qu'il est encore tout ému d'avoir comparé son amour malheureux à celui du Duc et de la Princesse, il croise ...sa femme ! Ou plutôt celle qui pourrait être sa sœur jumelle.

Je n'en dis pas plus. 
J'ai aimé ce roman au charme suranné et à la mélancolie indéniable. 
Je l'ai aimé pas tant à cause de l'histoire, que je vous laisse découvrir, mais à cause de la véritable héroïne éponyme de ce roman : Bruges elle même. 
Alors, si vous aimez le charme délicat de certaines villes immortelles, si cheminer dans les rues et les ruelles, entre les habitations d'époque ne vous fait pas peur, si la tendre grisaille de cette ville aux canaux immuables ne vous rebute pas, vous aimerez ce roman. 
Il paraît qu'à l'époque, les brugeois n'ont pas apprécié le roman de Rodenbach, lui reprochant de ne pas avoir donné de leur ville une image positive. Comme ils ont eu tort ! Avoir lu ce roman m'a redonné l'envie de me promener du côté du béguinage et d'arpenter les rues de cette ville si magnifiquement décrite par le romancier. 
Merci M Rodenbach !

Une petite photo de celle qui n'est vraiment pas morte:



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