jeudi 30 mars 2017

La vie rêvée de Virginia Fly - Angela Huth

Un roman rose et gris


Résumé :

Virginia Fly a trente et un ans, est institutrice et porte très bien son prénom. Comprenez qu'elle n'a pas encore perdu sa virginité. Et Virginia a des fantasmes très précis qu'elle n'hésite pas à raconter. Ainsi un homme à la moustache noire revient souvent dans ses rêves : il est assez brutal, mais Virginia s'en accommode très bien car on ne peut pas vraiment dire qu'elle attende le Prince Charmant et son imaginaire est assez éloigné de la douceur et de la candeur des contes pour enfants, il n'en demeure pas moins qu'elle attend l'homme de sa vie, un homme passionné qui a beaucoup de points communs avec le moustachu en question. 
Virginia vit chez ses parents, une vie étriquée et sans originalité, rythmée par les lettres d'un lointain correspondant et par ses sorties très protocolaires avec un professeur bien plus âgé qu'elle. 
Or Virginia va passer à la télé dans une émission très indiscrète sur sa virginité.....Là vont commencer ses aventures.  

Mon opinion :

Quand on me connait un peu, on se doute que j'ai choisi ce roman par désœuvrement, curiosité baroque ou égarement temporaire....
C'est clairement un roman très féminin, écrit par un auteur de talent, sans nul doute, mais qui semble se limiter aux univers typiquement féminins si j'en crois les présentations de ses autres romans. Pourquoi pas ? Elle ne prend pas son lecteur en traître. 
Ceci dit, l'héroïne est un peu bécasse, vit chez ses parents, et semble résignée à sa vie terne et sans surprises. On peut difficilement s'identifier à elle, car, disons-le franchement, elle ne fait pas rêver. Elle n'a pas vraiment l'imagination romanesque d'une Bovary, ni la candeur d'une héroïne des romans de Delly ou de la collection Harlequin (encore que je connaisse mal la collection Harlequin), encore moins les mièvreries des héroïnes de Madame Austen....Elle dit que les gens ne l'aiment pas ou ne s'intéressent pas à elle, et, bon sang, on les comprend ! Cette héroïne me fait un peu penser aux rôles incarnés par Isabelle Huppert à ses débuts comme dans La Dentellière, par exemple, d'après le roman de Pascal Lainé, un film et un roman qui ont toujours eu le don de me déprimer. 
Il y a pourtant un embryon de réflexion sur la vie, les attentes des femmes, leurs échecs. 
Je dois dire que je n'ai pas été passionnée mais que j'imagine très bien que ce roman puisse plaire. Mais un conseil : ne vous laissez pas happer ou séduire par la première de couverture, assez jolie et colorée au demeurant, car elle n'a vraiment rien à voir avec le contenu du roman que j'ai trouvé plus gris que rose, d'ailleurs. 
La fin ?.....Joker ! 

lundi 27 mars 2017

Sous l'aile du bizarre - Kate Atkinson


Un roman attachant




Le résume : 

L'histoire se passe en Ecosse, dans les années 1970. Effie, diminutif de Euphémie, se trouve avec Nora, sa mère, sur une île, triste reliquat de la famille Stuart-Murray, leur famille. 
Effie s'emploie à raconter à sa mère sa vie estudiantine, une vie qui pourrait être banale si l'on n'était pas dans les années 70, années où le haschisch était l'ingrédient de base de toute bonne soirée d'étudiants. Il faut dire que les camarades d'Effie sont assez étranges et qu'ils n'ont cependant rien à envier à la faune professorale qui hante cette université. 
Ce sont tous des "lettreux" puisque le but premier de ces étudiants et de ces professeurs semble être d'étudier la littérature et d'écrire des romans. D'ailleurs, Effie écrit un roman policier qui vient se greffer dans les deux autres récits. 
Deux récits, car Nora écoute l'histoire de sa fille, tout en racontant à dose homéopathique la saga familiale des Stuart-Murray. Ce deuxième récit, qui a une importance cruciale, révélera bien des mystères, bien des souffrances.

Mon opinion : 

D'abord, je dois dire que j'ai vraiment dégusté ce livre. Il est bizarre, déconcertant, et même complètement déjanté, mais on ne s'ennuie pas une seconde. Enfin, je ne me suis pas ennuyée.
Ce n'est pas tant l'histoire, ou plutôt les trois histoires, qui sont prenantes, que le style très particulier de Kate Atkinson. Si vous la connaissez un peu, vous savez qu'elle manie un humour incisif et toujours décapant. Rien de mièvre chez cette dame, au contraire. On sourit, on rit et on se dit qu'elle est un peu bizarre, mais on est séduit. 
Quant aux trois récits (le récit de Nora, celui de la vie d'étudiante d'Effie, le roman policier qu'elle écrit), je peux dire qu'au début, on peut être un peu déconcerté car l'auteur oblige le lecteur à les lire de façon simultanée. Comprenez par là qu'elle passe de l'un à l'autre continuellement. Mais elle utilise trois polices différentes pour ces trois récits, ce qui facilite la lecture. On ne mélange pas les trois histoires. Ceci dit, les trois récits ne sont pas indépendants: il y a de mystérieux liens qui les unissent, mais je ne peux pas en dire plus....





samedi 25 mars 2017

Codex, le manuscrit oublié - Lev Grossman

Un thriller sympathique




Résumé : 

Edward Wozny est un jeune trader qui fait gagner des sommes folles aux clients de la banque new-yorkaise pour laquelle il travaille. Il est jeune, vingt-cinq ans, on le dit séduisant, et sa vie serait satisfaisante si une riche famille, peut-être l'une des plus riches du monde, les Went, ne l'avait chargé d'une mission incongrue, bien loin de ses réelles compétences: classer et réorganiser une vieille, très vieille bibliothèque familiale dont les exemplaires les plus anciens remontent bien avant l'invention de l'imprimerie.
Plus curieux encore, on lui donne pour mission de retrouver un hypothétique manuscrit datant du Moyen-Âge et dont l'existence est des plus douteuses. 
Si l'on ajoute à cela un mystérieux jeu vidéo qui vient très rapidement interférer avec la réalité, on obtient un thriller moderne au délicieux goût d'antiquité.


Mon opinion : 

Déjà, je dois dire que j'avais lu des critiques très négatives sur ce roman publié apparemment en 2007, et ces critiques mettaient surtout l'accent sur la pauvreté de l'intrigue, l'absence d'action. 
Bien évidemment, j'étais inquiète et j'ai commencé le roman à reculons. 
Eh bien au final, je me suis surprise à vraiment adorer cette lecture. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi ce roman a été aussi unanimement "descendu" sur le site de La Dame à cheval. 
Il faut d'abord dire que c'est un thriller. Il sera donc inutile d'espérer pouvoir le comparer à Proust ou à Balzac, j'en conviens. Mais aller jusqu'à affirmer que l'intrigue est inexistante, ou qu'il ne se passe rien, me semble relever de la plus parfaite mauvaise foi. 
Ce roman est sympathique et conçu pour distraire. Le héros est naïf, parfois agaçant car très loin de l'idée que je me faisais d'un trader : on le sent stupide et candide, incapable de s'adapter à l'imprévu et de surcroît terriblement inculte. Mais il est bien évident que c'est cette naïveté qui donne sa saveur à ses recherches pitoyables dans les plus grandes bibliothèques de New-York et c'est cette absence de culture qui permet aussi, sans doute, au lecteur moyen de comprendre ce qu'est un palimpseste, par exemple. Donc je dirai que c'est un personnage essentiel. 
Il est secondé par une véritable experte, une étudiante thésarde, complètement obsédée par ses études et qui, oh ! étrange coïncidence, a travaillé dans une bibliothèque. C'est elle qui fera l'éducation livresque du jeune homme. Disons-le tout de suite : elle est assez antipathique. 
Autres personnages intéressants, que j'ai adorés : les geeks. Ils sont omniprésents dans le roman, nécessaires et très intelligents. Evidemment. 

Pour conclure, je dirai que ce roman peut plaire aux amoureux des livres poussiéreux et des bibliothèques anciennes (attention, on y reste beaucoup enfermés), aux amateurs de jeux vidéo (celui du roman est assez génial : je veux le même !) et à tous ceux qui aiment les gentils thrillers sans effusion de sang. 
Je le conseille comme livre de vacances, sans prétention, mais bien sympathique.

vendredi 24 mars 2017

Le livre des choses perdues - John Connolly

Un roman magique


Le résumé:

David est un jeune garçon passionné par les livres. C'est sa mère qui lui a transmis cette passion en lui répétant maintes fois que les histoires étaient vivantes et qu'elles voulaient être racontées. D'ailleurs David entend souvent les livres lui chuchoter des choses mystérieuses, lorsqu’il est seul avec eux.
Mais sa mère va mourir: elle souffre d'une longue et cruelle maladie qui l'éteint peu à peu. David lui tient compagnie et lui lit les histoires qu'elle aime, particulièrement des contes et des légendes. Puis elle meurt. Et son père se remarie avec Rose, une jeune femme qui les emmène vivre tous deux dans sa grande demeure familiale. Mais David a mal. Il souffre de voir Rose remplacer sa mère dans le cœur de son père et lui donner un autre fils : Georgie. Aussi va-t-il se tourner de plus en plus vers les livres et vers ces voix qui lui parlent, qui l'appellent.
Pourtant l'une de ces voix est dangereuse et va l'attirer dans un univers magique, mystérieux et peuplé de créatures inquiétantes et mortelles.
Que va donc découvrir David ? Survivra-t-il dans ce monde parallèle ?

Mon opinion :

J'ai littéralement A- DO- RÉ !
C'est un livre extraordinaire, magique, qui trouve sa source dans nos cauchemars d'enfant et dans nos rêves d'adulte.
C'est un conte de fée cruel, inquiétant, comme beaucoup de contes de fées, d'ailleurs, car j'ai toujours trouvé les contes de fées très cruels et très violents. Ce roman est colonisé par les personnages et les légendes des contes de fées traditionnels, mais des personnages et des légendes revus par un esprit cruel, un peu pervers. Ainsi chaque conte de fées de notre enfance est détourné et comme réécrit par un Ogre affamé ou un Troll maléfique.
Pour parler franchement, je ne mettrais pas le roman dans les mains d'un enfant tant certaines scènes sont violentes, mais en même temps, comment ne pas être enchanté par cette réécriture toute particulière de Blanche-Neige ou de Hans et Gretchen....C'est à la fois effrayant, et drôle et savoureux. Blanche-Neige, surtout, est à mourir de rire....Vous vous demandez pourquoi je vous parle de Blanche-Neige ? Oh ! Eh bien parce que les personnages de cet univers très sombre nous racontent eux aussi leurs propres contes de fées.....Et ils ont connu Blanche-Neige, pour ne citer qu'elle.
Quant à David, le héros, c’est un personnage très attachant, lancé à son corps défendant dans une quête dangereuse. Il va apprendre...bien des choses grâce à ce roman d'apprentissage...s'il survit.
La fin est un peu convenue et on la devine, mais elle ne nuit pas à cet excellent roman.


Donc je conseille ce livre à ceux qui aiment les contes de fées, les récits d'apprentissage, les forêts dangereuses et peuplées de créatures cruelles. Et aussi les loups. 

mardi 21 mars 2017

Les vents mauvais - Michael Marshall


Un thriller mâtiné de fantastique


Résumé : 

Une famille, la famille Henderson. Elle semble heureuse. Elle vit dans une belle maison non loin d'une forêt, au bord d'un lac, le lac Murdo Pond, dans l’État de Washington. Un après-midi de fin d’été, John, le père, un avocat, s'inquiète soudain : " Où est Scott ? ". Scott est leur petit garçon de quatre ans et il a échappé à leur vigilance. Carol, son épouse, est lasse car le petit Tyler qu'elle a dans les bras ne fait pas encore ses nuits. Elle non plus ne sait pas où est Scott. 
Quelques instants plus tard, Scott est retrouvé indemne au bord du lac. Indemne mais étrange : il a sur le visage une expression qu'on ne lui a jamais vue et il ne semble plus reconnaître ses parents. Puis il hurle : " Cours, papa, cours! " et il meurt. Sans aucune cause connue. 
Trois ans plus tard on retrouve John dans l'Oregon, au bord de la mer: il est serveur, divorcé et détaché de tout. Il vit au jour le jour dans une maison prêtée par une vague relation. Il ne connait pratiquement pas son fils Tyler qu'il ne voit jamais et n'a pas gardé de contact avec sa famille. 
Une nuit, il reçoit un mail mystérieux d'une inconnue : "Je sais ce qui est arrivé." Six petits mots qui vont le renvoyer dans l'état de Washington, dans la ville qu'il connait trop bien, celle qu'il a quittée après la mort de son fils. 
Que se passe-t-il donc à Black Ridge ? Qui est Ellen Robertson et qu'a-t-elle en commun avec John et son défunt fils ? Quels sont ces inconnus qui persécutent Caroll, l'ex-épouse de John ? Et surtout qui hante cette sombre forêt? 
Quelle que soit l'issue de cette histoire, souvenez-vous : "On récolte ce que l’on sème, c’est bien connu." 


Mon opinion :

J'ai vraiment adoré ce thriller mâtiné de fantastique. Il est, comme tous les romans de Michael Marshall, particulièrement bizarre, envoûtant et n'a rien à voir avec les thrillers traditionnels. Parce que c'est un thriller, sans nul doute qui laisse la part belle à l'horreur mais qui ouvre également d'autres portes, un peu comme la trilogie de l'auteur, Les hommes de paille. 
Ainsi Les vents mauvais se lit d'une traite. On ne se laisse pas distraire car on n'en a pas le temps. Le rythme est rapide, les péripéties sont abondantes et toujours bien annoncées par une petite phrase incisive en fin de chapitre. Les personnages sont à l'image du roman: intrigants. Intrigants et ambivalents. On ne peut se fier à personne, à part peut-être à John, et encore... 
Le roman multiplie les points de vue: c'est tantôt un récit à la première personne où les événements défilent à travers le regard de John, tantôt un point de vue différent lorsque ce sont les personnages secondaires qui prennent le relais. Sans rien expliquer, d'ailleurs. C'est bien simple, je vous mets au défit d'interrompre votre lecture avant la fin !

dimanche 19 mars 2017

DUSK - Richard Marazano & Christian De Metter

Une BD, enfin deux albums

Dusk Vol. 2: Trois larmes pour Lucie par [Marazano, Richard]Dusk Vol. 1: Pauvre Tom par [Marazano, Richard]


Premier album 
L'histoire a lieu à Salem. Trois flics viennent enquêter dans la ville de Salem sur des morts inexpliquées survenues le même jour. Les habitants ne sont guère hospitaliers, et certains sont même dérangés. Mais qu'importe : la vérité finira par triompher....Enfin, si l'on peut dire. 

Second d album : 
On retrouve le trio de flics qui enquête sur la mort d'un père de famille. Sa femme et sa fille sont étranges. Étranges ou possédées ? Étranges ou victimes de bien autre chose ? Encore un univers bien glauque.


Mon opinion :  

Les intrigues sont essentiellement policières puisque l'on retrouve de façon récurrente les trois flics: Solomon, le vieux bourru, plus ou moins chef du trio. Joe, le beau gosse un peu limité intellectuellement, mais qui a quelques valeurs, et Anna, la femme flic que je n'ai pas encore vraiment cernée et dont Joe est plus ou moins amoureux. Rien de bien original du côté des personnages donc. 
Les milieux dans lesquels ils enquêtent sont un peu tournés vers l'étrange. Dans le premier tome, tout se passe à Salem, la ville des sorcières, en plein hiver, et avec des autochtones qu'on ne souhaiterait pas rencontrer même dans ses pires cauchemars. 
Dans le second tome, il y a cette collection d'objets sacrés et ce dieu Baal qui peuvent sembler inquiétants. 
J'allais oublier le fameux fil rouge, celui qu'il est de bon ton de retrouver dans toutes les séries policières, histoire que le spectateur/lecteur soit bien prisonnier et addict de la série : un vague complot dont le bureau serait la source. Par bureau, ne comprenez pas FBI. Non, c'est beaucoup plus tordu apparemment que cela.
 
Ce que j'ai le moins aimé : 

Le dessin d'abord qui se rapproche de la peinture à la gouache, un peu expédié et assez peu harmonieux. Vous en avez un exemple avec les couvertures 
Les dénouements. Ils sont franchement immoraux, à mon avis, peu crédibles, en fait la BD m'a semblé vaguement malsaine. Pas pour enfants, c'est net. 
Je doute de continuer à lire les autres tomes. 
Mais les amateurs de BD peuvent l'apprécier. Moi j'ai gardé une âme d’enfant et j'aime davantage les Gaston LagaffeBoule et Bill ou Aquablue etc.

vendredi 17 mars 2017

Les Domestiques - Michael Marshall Smith


Un roman mystérieux
Les Domestiques par [Smith, Michael Marshall]
Résumé :


Mark a onze ans et sa vie ne lui convient pas. Son père et sa mère se sont séparés et sa mère s’est remariée avec David, un homme qui « sait toujours tout sur tout » et qui n’achète jamais assez de canettes de coca-light pour Mark. En plus ils ont quitté Londres que Mark adore pour Brighton, une ville grise et triste. 
Sa mère lui promet toujours de l’accompagner en promenade, dans les magasins, et pourtant elle reste à la maison, avec David qui monte la garde auprès d’elle. Alors, Mark se consacre à son skateboard, un cadeau de son père… 
Sa vie va changer cependant, lorsqu’il va faire la connaissance de la vieille dame qui habite l’appartement au sous-sol de leur maison. Elle est gentille quoiqu’un peu étrange et elle lui offre du thé et un horrible gâteau que Mark finira par trouver bon. 
Mais la vieille dame a un secret et Mark a bien du chemin à faire pour grandir…. 


Mon opinion :

Tout d'abord, j'ai acheté ce roman en grande partie à cause de la couverture car je ne connaissais pas l'auteur. 

La couverture m'a attirée à cause de la serrure, de la fumée et de cet air ancien, fantastique. 
L'auteur, j'ai découvert par la suite qu'il était assez prisé notamment pour son succès Les Hommes de Paille que j'ai d'ailleurs lu avec bonheur et dont je vous parlerai peut-être, un jour. 

Alors, que dire du roman Les Domestiques

Eh bien j'avoue que mon avis est assez mitigé. D'abord il faut dire que c'est à travers le point de vue de Mark, le petit garçon de onze ans, qu'on découvre les événements. Son récit est donc très subjectif, bien sûr, et surtout très enfantin. Normal. Résultat, pendant les cent cinquante premières pages, il ne se passe pas grand-chose et passé l'attendrissement que l'on peut ressentir pour l'enfant et ses préoccupations, on s'ennuie un peu. Enfin, je me suis ennuyée. 
Par la suite, le récit se diversifie et le rythme est plus rapide : on se réveille alors et on a vraiment envie de connaître la fin, une fin qui ne déçoit pas. 
Ceci dit, il y a des choses que je n'ai pas aimées dans ce roman, des choses liées à l'intrigue, des thèmes qui me rebutent un peu, mais vous comprendrez que je ne peux vous en parler sous peine de tout vous dévoiler. 
Finalement, je crois que ce roman plaira à beaucoup. Son dénouement, surtout.

Le dernier cimetière - Clifford D. Simak


Une terre très différente


Résumé : 

Bien des siècles après notre ère, les hommes ont essaimé un peu partout dans l'Univers, pour coloniser d'autres planètes, mais surtout pour fuir la Terre partiellement détruite par une guerre nucléaire. 
Lorsque commence cette histoire, la Terre est devenue un cimetière où les plus riches terriens viennent chercher une prestigieuse et très chère dernière demeure. Et c'est la très coûteuse société Terre Dernière qui a la main mise sur cette fructueuse affaire, et c'est son directeur qui gère tout d'une manière quelque peu dictatoriale. 
Aussi, lorsque notre héros Fletch, jeune artiste prometteur qui a pour projet la composition d'une symphonie sur la planète Terre elle-même, débarque de l'astronef affrété par la société, flanqué de Buster et de Bronco, deux robots intelligents et très perfectionnés, est-ce très naturellement que le Directeur de Terre Dernière lui demande de travailler pour lui. Et il entend être obéi. Mais Fletch refuse au nom de sa liberté d'artiste. 
Et ses ennuis vont commencer. Des ennuis qui vont l'obliger, lui, ses deux robots et une jeune femme rencontrée à son atterrissage, à se lancer dans un périple dangereux et mouvementé à travers une Terre finalement bien étonnante et très différente de ce qu'il avait imaginé. 

Mon opinion : 

Bon, j'ai adoré, même si la fin m'a semblé un peu expédiée, ce qui est dommage car l'auteur aurait pu y consacrer encore une dizaine de pages, au moins. 
Ce petit bémol mis à part, c'est un chouette roman, au rythme rapide et sans temps mort, qui met l'accent plus sur l'aventure que sur l'aspect psychologique des personnages auxquels, finalement, on s'attache peu tant le véritable sujet de cette histoire est la planète elle-même. Et cette planète, qui pourtant est la nôtre, nous étonne constamment car l'auteur a su pimenter ce périple de petites trouvailles très originales qui m'ont vite rassurée car j'avais de prime abord été un peu déçue de constater que l'aventure aurait lieu, non sur une planète extraterrestre mais sur Terre, et je m'attendais à m'ennuyer ou à ne pas y trouver l'exotisme espéré. Or on ne s’ennuie pas un instant ! Et même le fantastique côtoie la science-fiction, mais je n'en dirai pas plus à ce sujet.... 
Donc si vous aimez les planètes étranges, les créatures inquiétantes, l'action, vous trouverez ce petit roman plaisant. 

Ceci dit, j'ai toujours été une inconditionnelle de Simak qui peut quand même parfois sembler à certains démodé.

mercredi 15 mars 2017

Quinze minutes - Charles Dickinson

Petit voyage temporel


Résumé : 


Josh Winkler est peintre et vit dans l'Illinois avec sa femme, Flo, et sa fille Penny. C'est son épouse qui fait vivre la famille grâce à son métier de médecin. Flo est une femme de caractère, un peu trop matérialiste, peut-être, ce qui explique le scepticisme un peu fâché qu'elle affiche lorsque son mari Josh lui annonce qu'il a voyagé dans le temps. Dans le passé, plus exactement, et pendant 15 minutes. 
Ce voyage dans le temps va bouleverser la vie tranquille de Josh, Flo et Penny, et l'arrivée intempestive de la jeune Constance, fraichement débarquée du tout début du 20ème siècle, va faire basculer l'équilibre fragile de la famille Winkler.

Mon opinion :

C'est un roman sympathique, distrayant, et les personnages sont agréables, parfois drôles. On s'attache assez facilement à eux et ils nous manquent un peu lorsqu'on referme le roman. 
Le thème des voyages dans le temps est bien sûr un thème porteur, un des plus prisés de la science-fiction, mais je ne l'ai pas trouvé suffisamment exploité dans ce roman. 
Il faut en effet attendre les 20 dernières pages pour vraiment assister à de vrais paradoxes temporels. Le reste du roman est plutôt centré sur la famille, les préoccupations de Josh, ses relations houleuses avec son épouse. Constance, qui est le personnage venu du passé, semble parfois assez terne et aurait pu être, à mon avis, mieux exploitée. De plus, elle devient même un peu antipathique. 
Enfin, j'ai trouvé la fin inachevée, décevante. Là encore, on a l'impression que l'auteur aurait pu aller plus loin. 
Donc je dirai que c'est un roman gentillet, qui se lit aisément, mais il n'est pas assez innovant, pas assez audacieux. Il n'exploite pas assez ce merveilleux concept du voyage dans le temps. Vous aurez compris que c'est un thème que j'apprécie énormément.

mardi 14 mars 2017

Passage - Connie Willis

Un roman sur les EMI ou expériences de mort imminente



Résumé : 

Joanna Lander, jeune scientifique pourvue d'un doctorat en psychologie cognitive, poursuit les patients de l'hôpital Mercy General qui ont eu la malchance de faire une EMI, comprenez une expérience de mort imminente. Elle les interviewe et enregistre leurs moindres propos pour tenter de découvrir le mécanisme des EMI. Mais elle a un rival sérieux en la personne de Maurice Mandrake, l'auteur de La lumière au bout du tunnel, une oeuvre magistrale, d'après son auteur, qui a pour but de démontrer que les EMI sont des passages vers l'Au-Delà. 
Ce jour-là, Joanna est contactée par le très séduisant Dr Wright, un jeune chercheur qui s'intéresse aux causes neurologiques des EMI. Il lui propose de travailler sur des simulations d'EMI grâce à des drogues injectées à des patients volontaires. 
Et c'est l'aventure aux confins de la Mort qui commence. 


Mon opinion : 

Je suis certaine qu'en lisant le résumé, vous avez pensé à Expérience interdite, et j'ai eu la même réaction que vous, d'autant que connaissant la dame dont j'avais apprécié les romans, notamment Le Grand Livre, je me disais qu'elle avait choisi un thème porteur. 
Eh bien non, vous ne me ferez pas admettre que ce roman est un roman de science-fiction. 
Mais je ne déflorerai pas le sujet en vous expliquant pourquoi ! 
Tout d'abord, les EMI (expériences de mort imminente) ont été mises à l'honneur par le fameux film de Joel Schumacher en 1990. Nous connaissons tous l’histoire : Des étudiants en médecine provoquent des arrêts cardiaques pour découvrir si l'Au-delà existe et ce qu'il est. Ils sont eux-mêmes les cobayes de leurs expériences un peu malsaines et on se souvient tous des délicieux frissons de peur que nous avons éprouvés. C'était un grand film et si vous ne l'avez pas encore vu, je le conseille. 
Plus connu encore, peut-être, le roman de Bernard Werber, Les Thanatonautes , reprend le même thème mais de manière plus mièvre, à mon humble avis: Un médecin anesthésiste et son ami chercheur au CNRSS se livrent eux aussi à des expériences pour découvrir le continent ultime, comprenez le pays de la Mort. 
Alléchée par les bons souvenirs du film Expérience interdite et déjà séduite par l'auteur, je me rue donc sur Passage
D'abord, je me perds dans l'hôpital Mercy General, constamment aux trousses de cette Joanna qui semble non seulement passer son temps à fuir les importuns, en particulier le fameux Mandrake (dont le nom me fait penser à une BD de mon enfance) mais qui concourt, me semble-t-il pour le prix de la plus jeune scientifique ayant succombé à un infarctus tant cette fille est insaisissable et fatigante. 
Les autres personnages sont d'abord pittoresques : On déteste très vite Mandrake, comme il se doit, tant le personnage est imbu de sa personne. On est ému par la jeune Maisie, une petite fille atteinte d'une grave maladie cardiaque et que Joanna a connue lors d'une EMI. Maisie est une enfant attachante et passionnée par les catastrophes en tous genres. Elle est un des atouts du roman. Les autres personnages sont eux aussi pittoresques, mais très rapidement, le roman s'essouffle. C'est normal me direz-vous puisqu'on est dans un hôpital et que les patients font à tout bout de champ des arrêts cardiaques ou respiratoires ; et l'héroïne nous épuise vite à parcourir au pas de course les nombreux couloirs de ce dédale qu'est le Mercy General. 
Mais plus grave, très rapidement on s’ennuie…Oui, car les expériences réitérées d'EMI ne sont guère, à mon humble avis, très passionnantes. Enfin, je ne les ai pas trouvées à la hauteur du film dont je vous ai parlé. 
Et la fin ? Allez...Disons qu'elle est attendue avec impatience et que... 
Non ! j'en reste là. 

Je comprends que certains aient aimé le roman parce que l'auteur a du talent, qu'elle sait mettre en place une intrigue, que ses personnages sont attachants et qu'elle s'est attaquée à un sujet à la mode. 
Mais je n'en garderai pas un souvenir inoubliable.

lundi 13 mars 2017

La Nuit du Jabberwock - Fredric Brown


Un clin d’œil à Lewis Carroll

 

Le résumé : 

La vie de Doc Stoeger, rédacteur en chef et propriétaire d’un petit journal local, est bien monotone car il ne se passe jamais rien dans la petite ville de Carmel City et Doc ne peut exercer son talent de journaliste qu’en rédigeant des articles sur des ventes de charité, des souscriptions ou de petites nouvelles locales, sans véritable importance. Tout le monde se connait, personne ne commet de crimes et Doc s’ennuie et se console en jouant aux échecs avec Al Grainger, en buvant du whisky dans le bar de Smiley et en parlant de son écrivain préféré, le père d’Alice au pays des Merveilles, Lewis Carroll. 
Et ce soir, comme tous les soirs, Doc appelle encore de tous ses vœux un beau meurtre, un beau fait divers bien sanglant qui lui permettrait de sortir un papier sensationnel et de coiffer au poteau les grands journaux du pays. Mais ce soir n’est pas un soir comme les autres et Doc va vite comprendre à ses dépens que les vœux ne gagnent pas tous à se réaliser…. 


Mon opinion : 


Quand j’ai acheté le livre, c’est en me fiant au nom de l’auteur et parce que je connaissais quelques unes de ses nouvelles. Je m’attendais donc à un roman fantastique d’autant que les avis que j’avais pu lire de-ci de-là ne m’avaient pas vraiment détrompée. De plus les allusions fréquentes à Lewis Carroll m’avaient confortée dans cette première impression. J’ai donc été assez déçue car j’ai attendu le merveilleux ou le fantastique pendant la moitié du livre. Et le roman semblait pourtant constamment pouvoir glisser à tout moment dans ce monde surnaturel. 
Aussi, je vous le dis tout de suite, ce roman est plutôt un polar. 
Quand on a compris qu’on avait affaire à un roman policier, l’histoire se lit bien et on n’est plus déçu. Les personnages sont sympathiques, l’intrigue est suffisamment alambiquée pour maintenir le suspense et la fin, si elle n’est pas véritablement extraordinaire, nous laisse quand même agréablement surpris. 
Le style est plaisant et Fredric Brown a assez d’humour pour que le lecteur ne s’ennuie pas. 
Les références à Alice ont été un bonus en ce qui me concerne et ajoutent de la poésie à une intrigue qui aurait pu paraître banale, voire sordide. 
Ainsi, renseignez-vous rapidement sur le fameux Jabberwock que l'on trouve dans la suite d'Alice au Pays des Merveilles, soit La traversée du Miroir et ce qu'Alice trouva de l'autre côté, votre lecture en sera facilitée et ce Jabberwock est bien fascinant. 
Donc, je conclurai en disant que c’est un petit roman sympathique, qui se lit facilement et qui vous distraira agréablement.

dimanche 12 mars 2017

Le plus petit baiser jamais recensé - Mathias Malzieu

Un roman tout doux





Résumé: 

C'est l'histoire d'un homme et d'une femme. Banal, non ? 
Lui est un inventeur dépressif, comme il le dit lui-même. On ne découvrira jamais vraiment ce qu'il invente, à part des bonbons au goût de baiser et des pistolets à grenouilles, mais il s'étendra longuement sur le côté dépressif: Une femme lui a brisé le cœur... 
Elle, c'est une fille qui disparaît quand on l'embrasse. 
Et vous connaissez l'histoire: ils se rencontrent, se perdent (forcément, elle disparaît quand on l'embrasse) et ils vont passer le roman à essayer de se retrouver. 

Mon opinion : 
Alors, je ne sais pas bien comment j'ai eu l'idée saugrenue de lire ce tout petit roman de 104 pages, même si le titre et le nombre de pages (honte à moi) ont dû jouer un rôle non négligeable dans mon choix. 
D'emblée, je me suis dis " Non, mais tu t'es vue, là ? Tu lis un roman d'amour !!! Et c'est pas ton truc !!! ". Mais vous savez bien, on ne s'écoute jamais....et j'ai terminé le roman d'une traite. 
Et il m'a plu. 
Pourquoi ? Pas de mystère, c'est le style qui m'a enchantée. L'histoire est très banale et, disons-le tout de suite, extrêmement prévisible. C'est une toute petite histoire d'amour, une histoire d'amour comme toutes celles qui ont noirci du papier depuis des lustres. 
Mais le style....Il est très poétique et très amusant et ça, j'ai adoré. 
D'abord, il y a la petite musique du roman, une musique légère qui vous fait penser à la fois aux amoureux de Peynet, aux boutiques des marchands de bonbons acidulés, aux aquarelles de Marie Laurencin et aux toits de Paris quand c'est le printemps et qu'il pleut. 
Puis, il y a les personnages. D'abord, mon préféré, le perroquet Elvis qui tient son nom, évidemment, du King Presley et qui est très particulier. Pensez un peu: il a un flair incroyable pour dénicher les "filles un peu trop jolies" et il imite à la perfection les orgasmes. Si, si ! Ça ne s'invente pas, ça. C'est lui qui va aider le héros dans sa quête romantique. 
J'ai bien aimé aussi le maître du perroquet Gaspard Neige, un vieux détective privé à la retraite, premier amant de Liz Tailor (c'est lui qui le dit) et qui va se passionner pour cette histoire de fille qui disparaît. Il est complètement barré et sans lui le roman serait bien moins savoureux. 
Après il y a la fille. D'elle je parlerai peu, histoire de ne pas déflorer le sujet, mais sachez qu'elle est touchante, mystérieuse et jolie. Enfin comme doit l'être une héroïne de roman d'amour, quoi. 
Et puis, il y a Lui. Bah c'est un grand benêt. Mais on l'aime bien quand même avec son histoire d'amour digne des plus roses et des plus sirupeux romans pour filles....Il parle surtout d'une manière un peu magique, avec des mots-valise comme "appartelier" ou "nichonnier" ou encore "Sparadramour". 
Donc voilà, j'ai aimé ce bout de poésie, cette histoire banale si habilement embellie et je vous conseille ce tout petit roman d'amour. 

Quelques morceaux choisis pour vous mettre l'eau à la bouche :

Citation:
Je descendis le boulevard Lee Hazlewood dont les noisetiers géants faisaient tinter leurs fruits de bois. Les arbres passaient au roux, le vent arrachait leurs premières feuilles mortes. Avec ma crinière d'écureuil, je traversais l'automne comme un trompe-l'œil, peinard. Sur mon épaule gauche le perroquet détonnait, avec ses airs de ciel d'été. Je pensais à la fille invisible. Lorsque les souvenirs de la guerre mondiale de l'amour remontaient à la surface, je me concentrais sur le challenge d'inventivité amoureuse qu'il me faudrait relever pour la retrouver.

Citation:
Je regagnai mon appartelier du 10, rue Brautigan, dans le 3e arrondissement, où j'avais déposé mes valises pleines de vide quelques mois auparavant. Les murs étaient si blancs qu'on les aurait crus recouverts de peinture à l'ectoplasme. Mais il y avait ces hublots de chalutier magique qui semblaient aimanter la lumière. J'avais rapidement planté quelques livres sur les étagères, histoire de me convaincre que c'était bien chez moi. J'y avais fêté mon trente-septième anniversaire en jouant au ping-pong contre le mur de la salle de bains. Un tout petit pas pour l'homme, j'en conviens, mais un grand pour mon humanité car je sortais de quatre longues semaines à crever dans un hôtel de la rue de Charogne. Là-bas, on se serait cru dans un hôpital sans infirmières. J'avais tellement chialé dans ces draps de coton rêches que la femme de chambre avait dû croire que je pissais au lit.